• 13 mars 2024
  • Affaires publiques et relations gouvernementales
  • Chronique, Politique
  • Écrit par : Mathieu Lavallée

« Un budget peu enlevant, malgré un déficit record »

Le 12 mars, le gouvernement du Québec a présenté son budget annuel pour 2024. Mathieu Lavallée, vice-président et associé d'Exponentiel, ainsi qu'ancien journaliste, avocat de formation et passionné de politique, était présent lors de la séance à huis clos. Il nous livre ses premières réflexions sur l'impact de ce budget.

Un budget peu enlevant, malgré un déficit record.

En près de quinze ans à décortiquer des budgets, surtout à Québec, quelques fois à Ottawa, je ne suis jamais autant resté sur ma faim.

Il est vrai que les attentes étaient basses, tellement le message avait été télégraphié à l’avance. Au huis clos, parmi tous les observateurs, peu se disaient véritablement déçus. Enfin, si, beaucoup étaient déçus, mais comme ils s’y attendaient, on était plus au chapitre de la résignation.

Mais de là à dire qu’il n’y avait… je ne veux pas dire rien, mais presque rien?

J’ai déjà eu un budget qu’on a qualifié de « gris ». Pas parce qu’il était terne, parce qu’il ciblait clairement les aînés et les baby boomers.

J’ai déjà eu des budgets « sucre en poudre » : on saupoudre un ‘ti peu partout pour tenter de faire plaisir à tout le monde.

J’ai déjà eu un budget pas particulièrement enlevant mais dont plusieurs se rappellent parce qu’il annonçait l’abolition de la cenne noire. Une tranche de vie et (littéralement) une page d’histoire. À l’époque j’ai même suggéré à un économiste de la faire encadrer, cette page, parce qu’il avait recommandé cette mesure!

Mais là, je ne sais même pas ce qu’on a eu entre les mains hier.

Les défis sont colossaux aussi. Crise du logement, changements climatiques et biodiversité, transport collectif, milieu culturel, les médias… On ne refera pas toute la liste, vous la connaissez.

Oui, on a commencé à régler des gros bouts avec le règlement des conventions collectives des syndiqués avec les profs et les autres employés de l’état.

Mais après, on fait quoi? Essentiellement on attend. Oui, on révise les dépenses du gouvernement, les programmes d’aide aux entreprises, les dépenses fiscales peu efficaces… Mais c’est cyclique ça. Ça revient tout le temps.

On ne sait pas trop où ira l’économie. Baissera, baissera pas, le taux directeur de la Banque du Canada? Alors on attend.

Les élections à Québec seront en 2026, donc la joute politique commande de prendre les plus belles décisions lors des deux prochains budgets. Alors on attend.

Mais est-ce que l’ampleur des défis qui se présentent à nous nous donnent le luxe d’attendre?