• 11 septembre 2025
  • Écrit par : Mathieu Lavallée

Le bulletin du remaniement : constats et contradictions?

Le remaniement ministériel était attendu depuis plusieurs semaines par les Québécois. C’est finalement hier que les cartes ont été officiellement redistribuées. Dans ce contexte politique en pleine effervescence, Mathieu Lavallée a pris le temps de réfléchir aux changements annoncés et à leur portée réelle.

Il partage ici ses constats afin de mettre en lumière ce que ces décisions révèlent sur les priorités du gouvernement et les défis qui attendent le Québec, notamment dans le secteur de l’éducation et de l’environnement.

On l’attendait, ce remaniement. Les gros changements avaient tellement été dévoilés ces derniers jours, on pouvait analyser la chose à l’avance.

J’ai quand même pris le temps de dormir dessus. Voici quelques constats :

Ça devait être majeur, pour relancer un gouvernement en panne, trop victime de ses propres erreurs. C’est finalement devenu une incroyable distraction, tel un téléroman, pendant que la partie se jouait lors de la partielle (Arthabaska) et devant la commission Gallant.

Les défis qui attendent le milieu municipal sont immenses. On ne confie pas ça à quelqu’un en qui on a perdu confiance. Mobilité infra Québec, optimisation dans le transport collectif, défense du troisième lien, redressement à la SAAQ… Le premier ministre vient d’attribuer une certaine valeur aux réalisations de Mme Guilbault, malgré comment son témoignage s’est déroulé devant la commission d’enquête en cours.

Le fait que M. Bonnardel soit le seul qui se retrouve sérieusement rétrogradé à la suite des déboires de SAAQclic, ça envoie un signal en soi.

Sonia Lebel à l’éducation, c’est une suite logique après le renouvellement des conventions collectives du secteur public; c’est notamment avec le milieu de l’éducation que cela a été difficile lors des dernières négos, et le réseau demeure sous pression.

Le trio formé de Christian Dubé, Christine Fréchette et Éric Girard : nul doute que ces trois ténors ont la pleine confiance du chef. Ce sont aussi trois ministères centraux, peu importe les circonstances. Le patron avait annoncé vouloir du changement… mais n’en voulait pas trop. Il était acquis que M. Dubé terminerait ce qu’il a commencé, même s’il ne se représente pas l’an prochain. Un point d’interrogation plane au-dessus de M. Girard depuis des lunes (il y a lui-même fait allusion à la présentation du budget en mars 2024), mais dans l’état actuel des choses, une stabilité aux Finances et à l’Économie est de mise.

Bernard Drainville à l’Environnement, ça détonne. Malgré quelques dossiers houleux, il pouvait se targuer d’avoir de bons coups à son actif. L’interdiction des cellulaires et le vouvoiement en classe ont fait l’objet de frictions, mais pas de façon catastrophique. La réforme de l’enseignement du français fait parler, surtout pour son échéancier d’implantation. Il a déposé rapidement le Projet de loi 94 après le dossier Bedford. Mais son passage à l’Éducation a été marqué par plusieurs tempêtes. L’environnement n’a jamais semblé prioritaire dans ce gouvernement. C’est un peu comme si le professeur vous dit de faire attention en vous remettant votre bulletin.

Les priorités annoncées par le PM ne détonnent pas avec ce qu’il a prôné au début de son mandat. Par contre, M. Legault profite d’un contexte qui lui permet de l’assumer pleinement.

Aussi, parmi les candidats en position de prendre la relève à la tête du parti, personne ne semble avoir de ministère où il est possible de faire sa marque comme aspirant chef.

*Ce texte ne prétend pas faire le tour complet du remaniement ministériel. Ce billet s’inscrit plutôt comme une contribution parmi d’autres à la réflexion collective.