Les élections municipales devraient être un moment fort de la vie démocratique. Pourtant, elles peinent à susciter l’intérêt. En 2021, au Québec, moins de 4 électeurs sur 10 ont voté. On assiste à un grand paradoxe car, selon moi, les décisions municipales touchent directement notre quotidien, que ce soit en lien au transport, au logement, à la sécurité, à l’environnement… Alors, pourquoi ce désengagement est-il si important et quel est son impact?

Alors que le jour du scrutin approche, le taux d’indécis reste assez élevé selon les derniers sondages à Montréal. Un haut taux d’indécis indique plus souvent qu’autrement un nombre de votes plus faible.

On peut identifier plusieurs éléments qui freinent la mobilisation citoyenne en temps d’élections municipales.

Faiblesse des canaux traditionnels

Les outils de communications classiques, comme les journaux locaux, les dépliants ou les séances d’information publique, bien qu’ils soient non négligeables, ne suffisent plus à capter l’attention. Ils peinent à rejoindre les jeunes, les nouveaux arrivants ou les citoyens moins engagés dans la politique. De plus, les médias régionaux étant de moins en moins nombreux, la couverture des sujets locaux est limitée. Cela ne permet donc pas aux citoyens d’obtenir de l’information plus localisée.

L'engagement politique, de plus en plus un sport risqué

Récemment, les médias ont mis en lumière une réalité préoccupante : les élus municipaux sont de plus en plus la cible de messages haineux, de menaces sur les réseaux sociaux et de la polarisation des débats publics. Cette réalité a été dénoncée par plusieurs élus, tels que Bruno Marchand, Jocelyn Blondin, et même par des élus faisant front commun devant les tribunaux. Ce climat hostile décourage inévitablement de potentiels candidats, notamment des personnalités publiques déjà connues qui pourraient susciter l’intérêt et attirer l’attention envers les élections municipales.

Par ailleurs, les nombreux scandales de corruption très médiatisés au cours des dernières décennies ont miné la confiance des citoyens envers les gouvernements municipaux. Cela a contribué à renforcer la perception négative et à une compréhension plus complexe du fonctionnement de l’administration municipale, ce qui a inévitablement diminué l’intérêt des citoyens autant à s’engager en politique qu’à s’intéresser à celle-ci.

Pluralité des campagnes

Chaque municipalité et chaque ville mène sa propre campagne. Cela a donc pour effet de diluer les messages et rend difficile la création d’un momentum collectif rassembleur autour des élections municipales. Cette dispersion complique la tâche des municipalités, qui doivent non seulement convaincre leurs citoyens, mais aussi se démarquer dans un paysage médiatique saturé. Dans bien des cas, elles se retrouvent en compétition les unes avec les autres pour attirer l’attention du public, des médias et des décideurs. Au lieu d’un grand rendez-vous citoyen, les élections municipales deviennent une série d’événements isolés, chacun avec ses propres codes, ses propres priorités, et ses propres moyens.

Ces freins, qui ne sont pas les seuls, bien qu’ils soient distincts, ont un effet cumulatif : ils affaiblissent le lien entre les citoyens et leur démocratie locale. Lorsqu’on ne se sent ni interpellé, ni représenté, ni encouragé à participer, l’élection devient un événement lointain.

Une meilleure communication municipale

Les candidates et candidats aux élections municipales se doivent de repenser leur approche à la communication en temps d’élections. Celle-ci doit être plus stratégique : on doit informer, certes, mais la communication doit engager, inspirer et surtout reconnecter les citoyennes et citoyens avec les enjeux de leurs municipalités.

Pour améliorer la communication municipale, il faut passer d’un simple partage d’informations à une vraie conversation avec les citoyens.

Ainsi, dans un environnement numérique saturé, les contenus peu engageants deviennent invisibles. Les campagnes municipales, souvent perçues comme techniques ou éloignées des préoccupations citoyennes, peinent à franchir les limites des algorithmes. La mobilisation ne se décrète pas : elle se construit par une communication qui inspire, qui donne du sens, et qui crée un véritable dialogue. Sans cela, le désengagement persiste et les élus peinent à établir une relation de confiance avec leur communauté.

Les municipalités doivent adopter des stratégies de communication modernes, mais surtout humaines. Cela signifie:

Créer du contenu vivant et authentique sur les réseaux sociaux, en mettant de l’avant des visages, des histoires et des enjeux concrets qui parlent aux citoyens. Il ne s’agit pas seulement de publier, mais de raconter ce qui se passe dans la ville avec émotion et clarté.

Rendre accessibles les processus décisionnels, en expliquant simplement les démarches, les choix et les impacts des décisions municipales. Cela peut passer par des capsules vidéo, des infographies ou des rencontres citoyennes.

Mettre de l’avant des idées audacieuses portées par une vision inspirante, qui donnent envie de s’impliquer. Les citoyens veulent croire en des projets porteurs de sens, qui répondent à leurs aspirations et aux défis de leur communauté.

Favoriser la proximité en présentant les élus comme des personnes accessibles et à l’écoute, capables de dialoguer avec les citoyens, de répondre à leurs questions et de reconnaître leurs préoccupations. Cela passe par une présence régulière sur le terrain et dans les espaces numériques.

S’allier à des leaders communautaires, jeunes et moins jeunes, pour élargir la portée des messages et briser les silos. Ces voix influentes peuvent aider à faire circuler l’information dans des cercles moins atteints par les communications officielles.

La démocratie municipale mérite mieux. Elle mérite une communication qui donne envie d’y croire. Et pour ça, il faut raconter mieux, écouter plus, et mobiliser autrement.

Bonne campagne électorale municipale à tous!

Source:

https://www.electionsquebec.qc.ca/resultats-et-statistiques/resultats-election-municipale/MUN_66023/15206/

https://lactualite.com/politique/montreal-pourrait-avoir-une-nouvelle-mairesse-et-les-montrealais-sen-balancent-un-peu/

https://www.journaldequebec.com/2025/10/06/propos-violents-en-ligne--marchand-invite-ses-adversaires-a-condamner

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2078827/jocelyn-blondin-pause-sante-mentale-haineux

https://www.lapresse.ca/actualites/2023-10-09/manque-de-respect-des-citoyens/des-elus-municipaux-contre-attaquent-devant-les-tribunaux.php