
L’astroturfing : un phénomène de masse que vous pourriez ne pas reconnaître
En mai dernier, j’ai eu la chance d’assister à la Journée d’étude internationale sur l’Astroturfing et autres stratégies d’instrumentalisation citoyenne organisée par LabFluens, le Laboratoire sur l'Influence et la Communication.
Pourquoi, en tant que conseillère en communication, consacrer une journée à écouter et échanger avec des chercheurs et des experts de l’astroturfing? Pour connaître les dernières recherches sur le sujet, découvrir ses applications les plus récentes en matière de relations publiques et brasser des idées pour mieux sortir du lot.
Je vous entends déjà dire « l’astroturfing, jamais entendu parler ». Si je vous dis engager des gens pour grossir la foule d’une manifestation, envoyer des lettres de citoyens fictifs pour démontrer le soutien ou créer de faux comptes sur les réseaux sociaux, ça vous dit quelque chose? Ce sont tous des exemples de stratégies d’astroturfing que l’ont défini comme la création ou l’instrumentalisation d’un mouvement citoyen afin d’influencer l’opinion publique. Votre projet ou votre position est impopulaire ou manque de visibilité? Vous créez ou vous utilisez une base de partisans vocaux afin de démontrer que votre position est plus populaire ou acceptable qu’elle ne l’est vraiment, aussi simple que cela.
Le phénomène est loin d’être nouveau. Il est possible depuis longtemps de récupérer ou de simuler l’adhésion d’une partie de la population à une idée. Cependant, dans les dernières années avec la multiplication des réseaux sociaux et l’augmentation de leur importance dans le discours public, la manière de faire de l’astroturfing a définitivement évolué. Chaque nouvelle dans les médias sur la création de faux comptes nous rappelle que nous pouvons tous être touchés par cette tactique. Et avec l’accès élargi et facilité à l’intelligence artificielle, il est permis de croire que la version numérique du phénomène gagnera en puissance.
Ce que je retiens de cette journée d’étude sur l’astroturfing ? Qu’il est important de former les professionnels des relations publiques à la mésinformation et ses tactiques émergentes en plus de les encourager à entretenir leur curiosité et leur sens critique.
On se targue tous d’avoir une vision 360 des grands enjeux, mais l’étude de ce phénomène nous rappelle qu’il existe des angles morts plus difficiles que d’autres à prendre en compte dans nos analyses. Que ce soit comme professionnels des relations publiques ou comme citoyens, il ne faut surtout pas hésiter à questionner ce que l’on voit. En fait, ça devrait même devenir un réflexe!